Reprise de Taillefer : Gaëlle Pignet a relevé le défi
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Embauché à 17 ans en qualité de manœuvre, Daniel Laporte a effectué l’ensemble de sa carrière au sein de l’entreprise Taillefer. Il était l’un des soudeurs les plus qualifiés de l’entreprise.
« Je suis né en 1960 à la maternité de Bénouville, où travaillait ma mère. Je dois avouer que je n’étais pas très attiré par l’école. En revanche, j’étais assez bricoleur. J’adorais démonter et remonter les vélos. J’avais 17 ans lorsqu’une collègue de ma mère lui a indiqué que l’entreprise de chaudronnerie Taillefer recrutait à Ouistreham. Je n’avais pas d’autre projet, alors je me suis présenté et j’ai été embauché en tant que manœuvre. J’étais plutôt curieux et débrouillard, je regardais comment travaillaient les autres et j’allais souder des bouts de tôle dans mon coin, pour m’exercer. Comme l’entreprise cherchait des soudeurs, mon chef d’équipe, Marcel Barrey, m’a proposé de me former « sur le tas ». J’ai commencé par des petites pièces et au bout de quelque temps, j’ai acquis un savoir-faire qui m’a permis de travailler avec les anciens sur la soudure des toits. C’est un poste assez stratégique qui nécessite une technique particulière. À cette époque, dans les années 80-90, l’entreprise était florissante, on sortait un silo tous les trois ou quatre jours. Nous étions plusieurs à effectuer cette mission.
Taillefer est entre de bonnes mains
Et puis la crise est arrivée dans les années 2000. L’ambiance a changé. On était tous solidaires, mais on avait une peur bleue de perdre notre boulot. Quand on a vu partir des copains qui avaient 30 ans de boîte, ça nous a crevé le cœur. Au bout d’un moment, je me suis retrouvé tout seul à mon poste. Le patron de l’époque, Jean-Louis Teillant, m’a surnommé « Monsieur Toit ». C’était un patron à l’ancienne. Pas très causant, mais très bon gestionnaire. Grâce à lui, l’entreprise a pu surmonter la crise.
C’est vrai que lorsqu’on a vu arriver Gaëlle Pignet, la nouvelle patronne, il y a 18 mois, on s’est posé pas mal de questions. Elle venait d’un autre secteur d’activité et c’est rare de voir une femme diriger une entreprise de chaudronnerie. Mais elle nous a très vite rassurés. Elle passe régulièrement dans l’atelier pour discuter avec les équipes, s’assurer que l’on travaille dans de bonnes conditions et trouver des solutions quand il y a des problèmes. Taillefer est entre de bonnes mains.
Même si j’ai toujours aimé mon métier, j’avoue que j’apprécie de partir en retraite. Ces derniers mois, le bruit, la chaleur et le stress devenaient un peu difficiles à supporter. Plus de réveil qui sonne, plus de gamelle à préparer… quel bonheur (rires). Mais je pars la conscience tranquille. Pendant un an, j’ai formé mon successeur, Guillaume, un jeune soudeur d’une trentaine d’années. Je lui ai montré mes petites combines, mes astuces. Le savoir-faire que m’ont transmis les anciens ne sera pas perdu et ça me fait très plaisir ».
Recueilli par Jean-Philippe GAUTIER (Journaliste Ouest France)